Claire prend une décision déchirante ce soir. Comment en êtes-vous venu à accepter le choix de votre personnage?
La décision que prend Claire de quitter sa fille est la chose la plus difficile que j'ai eu à accepter cette saison. C'est une femme qui prend la décision de quitter sa fille pour toujours pour l'amour de quelqu'un d'autre. C'est une chose vraiment difficile à comprendre. Brianna lui donne la permission et lui dit qu'elle devrait partir parce qu'elle veut qu'elle parle d'elle à son père - c'est en quelque sorte la permission dont elle avait besoin.
Si l'on pense aux années 60 ou 40 ou peu importe, j'ai grandi dans un lieu où il y a beaucoup d'immigration. Il y a beaucoup de gens qui quittent l'Irlande, déménagent en Amérique, se déplacent en Australie, partent quelque part pour avoir une vie meilleure, et beaucoup de tantes de mon père l'ont fait, et elles ne sont jamais revenues à la maison. Elles n'ont jamais vues le reste de leur famille. Je devais me mettre dans cet état d'esprit: on n'est pas si loin de cette idée dans les années 60. De nos jours, il est si difficile pour nous d'y penser, car nous sommes tellement habitué à avoir cette connexion constante. A cette époque, si quelqu'un part, ce n'est pas si inhabituel que de dire au revoir pour toujours, à bien des égards. Peut être que vous recevrez une lettre par an ou quelque chose comme ça. C'est là où j'ai voulu en venir.
Mais c'est un épisode si émouvant. Cette idée de faire le choix d'essayer et de trouver quelqu'un après 20 ans sans même savoir à quoi s'attendre, suivant son propre instinct. Ce n'est pas comme: "Oh! Il a accepté ma demande d'ami, c'est parti!". Ce n'est rien de tout cela. Claire ne sait absolument où il en est dans sa vie. Est-il marié à quelqu'un d'autre? Va t-il même vouloir renouer avec elle? La seule chose qu'elle est la confiance qu'elle a en ce qu'elle ressent, et de faire confiance aussi au lien qu'ils avaient à l'époque : si elle le ressent encore alors il le ressent encore.
Vous n'avez que 5 épisodes pour capturer 20 ans de la vie de Claire. Quels étaient les défis à jouer dans chaque moment de sa vie?
J'ai eu un bon moment pour y réfléchir, parce que nous avons commencé avec Claire des années plus tard à la fin de la saison 2. Dans le livre de Diana, on en sait beaucoup plus de l'histoire de Claire du livre. Il y a certaines scènes qui m'ont été très utile et qui ont joué un rôle essentiel dans le livre mais qui ne sont pas dans la série. Il y avait une scène dans le livre où Claire rentrait à la maison et Brianna avait été blessé. Elle était au travail et ne pouvait pas rentrer à la maison. C'est vraiment un excellent dilemme entre le travail et la maman du début des années 60. J'ai essayé de rassemblé tout cela.
Tobias et moi avons beaucoup parlé, parce que nous ne voulions pas faire de cette relation : "C'est Claire & Frank, ils ne s'aiment pas vraiment et ils se sautent à la gorge tout le temps", parce que je ne pense pas que 2 personnes passeraient 20 ans de leur vie ensemble s'il n'y avait pas d'amour là dedans, s'il n'y avait pas une sorte d'harmonie. Nous avons donc beaucoup parlé sur ce qu'est leur vie quotidienne et leur routine. Comment ont-ils réussi à maintenir cette relation aussi longtemps? On les voit parfois exploser, comment vont-ils aller de l'avant? Nous avons beaucoup parlé de cela. Penser est une grande partie de l'acting. Vous passez beaucoup de temps à rêver, à imaginer comment ça se passe au jour le jour. Ma partie préféré de ce travail est d'arriver à rêver et à prétendre que je travaille. [rires]
Je pense que pour Claire, la chose la plus importante à son sujet au début de cette saison est qu'elle a compartimenté certains aspects de sa vie. C'est une femme de parole. Elle a fait une promesse à Frank et va mettre de côté tout ce qui est en rapport avec la recherche de Jamie, de parler de Jamie, rien qui n'ait à voir avec lui. Elle doit le mettre dans un petit coin de son esprit et de son coeur et fermer la porte. Et cela vient avec un prix énorme. Elle est une femme très compromise dans un sens. La profondeur de sa passion a été minimisé. Elle et Frank ont essayé de reprendre une vie sexuelle, mais après un certain temps ça a disparu. Voilà une femme qui a mis de coté cette partie d'elle. C'était une partie si importante et intégrale à son caractère, et cela vient avec un prix. Il y a une rigidité en elle et une nature refoulée qui n'est pas notre vision normale de Claire. J'ai toujours pensé qu'elle était élémentaire, qu'elle avait ce côté vigoureux pour elle. J'ai essayé de renier tout ça, surtout dans la première partie de la saison, de façon à ce que vous ayez une personne plus rigide et coincée.
Y a t-il une scène ou une partie de dialogue ou une note du réalisateur, ou même vos recherches personnelles qui vous ont aidé à vous connectez à Claire dans ces premiers épisodes?
Nous avions une référence pour l'épisode 3 et le combat vicieux qu'était "Who's Afraid" de Virginia Woolf. Ce sont toutes ces années de répression, d'amertume et de ressentiment et ça explose. Je pense que je l'ai déjà dit, mais pour le chagrin, j'ai utilisé les livres de Joan Didion, "Blue Nights" et "The Year of Magical Thinking". L'année c'était "The death of a daughter" et même si c'était très différent pour moi, Didion écrit de telle sorte que j'ai l'impression de comprendre ce dont elle parle très bien. Je pense que tu voles toujours. [Rires] On a différents réalisateurs, et Brendan Maher a fait les épisodes 1 et 3. Le 2 c'était Jennifer Getzinger. Pour les 4 et 5 c'était encore Brendan. Les livres de Diana sont toujours très important. Nous avons changé des choses, certainement, pour la série, mais il est toujours utile d'y revenir et d'avoir ce dialogue interne.
Nous avons cette super scène dans l'épisode 1 où elle cuisine au dessus du feu. Y a t-il eu d'autres moments où vous avez essayé de ramener la Claire du 18 siècle au 20ème siècle?
Je pense que vous êtes toujours le résultats de vos expériences. Même si vous avez essayé de laisser quelque chose derrière vous, je ne pense pas que vous y arriviez. Cette scène se déroule seulement 7, 8 mois après qu'elle soit revenue. Ces expériences sont encore fraîche dans son esprit. Sa décision de faire cela est presque instinctif: la cuisinière ne fonctionne pas, que dois-je faire normalement? Je cuisine sur le foyer ouvert. C'est ce qu'elle fait. Je pense qu'au fil du temps, elle a vécu beaucoup plus longtemps au 20ème qu'au 18ème, et ces moments et parties d'elle disparaissent un peu.
Avez-vous abordé la saison 3 différemment des deux autres?
C'est marrant parce que c'est si différent. La saison 1 c'était comme si ma vie en dépendait. Je n'avais aucune expérience en télévision. Je n'avais aucune idée de ce qu'on attendait de moi. A bien des égards, mon expérience était très semblable à celle de Claire. J'ai été jeté dans ce monde et j'étais comme "Holy Shit!". Pour la saison 2, vous n'êtes pas sur de ce que l'on va ressentir à propos de revenir après quelque chose. C'était un tourbillon dans la saison 1. La saison 2 est très similaire, "Maintenant nous sommes dedans". Pour la saison 3, j'ai senti que je savais ce que l'on attendait de moi et comment j'ai appris à mieux gérer mon temps et mes demandes. On mûrit un peu.
Est-ce plus facile de rentrer dans la peau du personnage maintenant?
Je pense. Il y a toujours ce danger que vous soyez à l'aise. C'est une des choses, à chaque fois que rencontrez un réalisateur. Je suis comme "Je ne veux pas être confortable. Je veux que tu essais de me montrer un point de vue auquel je n'avais pas pensé." Lorsque vous travaillez de nombreuses heures et que vous êtes en permanence dans le personnage, vous suivez votre premier instinct parce que vous n'avez pas le temps de laisser les choses percoler ou de les regarder sous 20 angles différents. La chose la plus difficile est de ne pas avoir le temps de regarder les choses. Lorsque vous êtes fatigué et que vous êtes dedans, de ne pas aller au choix le plus évident. Il est important que quelqu'un soit là et vous êtes "D'accord, bien, svp donnez-moi cette autre option et je verrai si je suis d'accord avec - ou pas." C'est toujours bon d'avoir cet autre point de vue.
Comment décompressez-vous après ces longues journées de travail?
C'est généralement en fin de semaine. A la fin de la journée, vous rentrez chez vous, vous apprenez vos lignes, et vous allez vous coucher. J'ai commencé à cuisiner la saison dernière. J'avais l'habitude de toujours cuisiner, et puis la saison 1 et la saison 2, vous mangez juste sur le plateau tout le temps, et pas d'offense à la restauration écossaise, mais c'était vraiment horrible. L'année dernière j'ai pris la décision de faire mes propres repas. C'est la meilleure chose que j'ai pu me faire, et ça m'a aidé en Afrique du Sud, de cuisiner le weekend. J'aime lire d'autres choses. Qu'est-ce que j'ai lu que j'ai vraiment aimé? Un magnifique livre irlandais appelé "I found my tribe", qui était vraiment génial. J'ai lu le Patti Smith, qui était fantastique. Le livre de Miranda July est hilarant. "The First Bad Man", qui vaut vraiment la peine d'être lu. C'était vraiment drôle et tordu.
Qu'est-ce qu'on a attendre avec impatience pour le reste de la saison? Comment était-ce de tourner en Afrique du Sud?
L'Afrique du Sud était une bouffée d'air frais. Il y a un épisode en particulier où j'ai adoré les gens dedans. On a un petit enfant dedans et lui et moi avons eu de bonnes scènes. C'était un amour avec qui travailler. Notre série est toujours comme ça. Nous sommes constamment en mouvement et cela est un rafraîchissement. C'est toujours la plus grande récompense avec la série, le fait que vous n'allez jamais au même set 5 jours par semaine, 10, 20 semaines d'affilé. Les choses sont toujours nouvelle.
Nous étions tous très à l'aise après le premier jour. Nous avons une équipe squelette qui est venu avec nous. Ma maquilleuse et coiffeuse Anita s'est transformé en cette différente personne. Nous étions comme "Qu'est-ce que tu portes? Qui es-tu?" [rires] Elle était hyperactif, c'est comme si le soleil avait un effet métabolique sur elle. C'était hilarant. J'étais probablement l'une des personnes les plus chanceuses parce que nous étions capables de démêler beaucoup mon costume. Mais il y avait beaucoup de protocole à l'époque et beaucoup de pauvres marins étaient en uniforme de marins en laine. Ils n'étaient pas autorisé à enlever une seule couche. Il y avait beaucoup de garçons en sueur.
Pouvez-vous nous donner un avant goût de cette aventure en mer à venir?
Notre premier épisode sur les bateaux, on voit vraiment Claire dans son élément. Cela me rappelle des morceaux de Prestonpans de la saison 2 ou le tout premier épisode de la saison 1. Vous voyez Claire en mode infirmière-médecin. Elle essaie de faire de son mieux avec les ressources qu'elle a. Il y a un jeune personnage appelé Elias Pound et vous voyez l'instinct maternel de Claire. Cela m'a beaucoup fait pensé à sa relation avec Brianna. Ce choix qu'elle a fait de quitter sa fille, cet amour qu'elle a, cet instinct maternel - c'est un substitut à cela. Ils forment ce lien vraiment magnifique. Luke Schelhaas a écrit cet épisode. C'est vraiment super. Je l'ai adoré. C'était un nouvel environnement, le bateau montait et nous avions des rats et du faux vomi. C'était vraiment excitant.
Traduction by @Outlander_FR
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